Aujourd’hui, j’ai lu Le Roux de Fabrice Erre, paru en 2007, aux Éditions « 6 pieds sous terre ». Une bande dessinée pour les roux… et tous les autres.
Le porte-parole des roux
Pierre Leroux, le héros bien-nommé, lassé des railleries incessantes dont il est victime, décide de devenir le défenseur des roux et de revendiquer avec fierté sa couleur de cheveux. Jusque là, pas de problème… Mais ce livre, que je trouve particulièrement intelligent, aborde avec humour une autre question : dans quelle mesure l’affirmation identitaire peut-elle tomber dans le refus de la différence ?
Au travers de saynètes, nous accompagnons ce héros surexcité qui assomme tout le monde avec sa couleur de cheveux. Obnubilé par le regard que les autres posent sur lui, il ne cesse de voir le mal partout, persuadé que ce sont forcément eux qui ont tort. Son questionnement compulsif et outrancier finit par desservir sa cause et le plonge alors dans une certaine forme de ridicule.
Philippe Belhache, dans une de ces chroniques pour BD Sud-Ouest, résume parfaitement le but de cette bande-dessinée : « Sous ses airs d’aimable pochade, « Le Roux » explore de multiples facettes de l’altérité, entre différence réelle, différence fantasmée, différence imposée, différence arborée, différence artificiellement créée… »
Car certes, nous sommes roux. Mais notre couleur de cheveux ne peut en effet à elle seule résumer notre identité…
Roux et clairvoyants
Ce personnage nous renvoie finalement à un sentiment que chacun de nous aura côtoyé, de manière fugace pour certains, de façon plus douloureuse pour d’autres. Ce sentiment, c’est la prise de conscience de notre différence, que nous soyons roux, blond ou brun.
Face à une multitude de semblables, l’humain, dans sa quête identitaire, sera renvoyé dès le plus jeune âge à ce qui fait sa particularité. Pour s’assumer peu à peu, il cherchera à donner du sens à son existence. Ce chemin, parfois long, nous apprendra à dépasser les différences qui nous caractérisent pour simplement être fiers d’être uniques…