Woody Allen : le rire jaune d’un roux hors norme

Névrosé prolifique ou génie hypocondriaque, Woody Allen est, parmi les roux célèbres, le plus fantasque que je connaisse. Caché derrière ses sempiternelles lunettes et armé de son flegme légendaire, l’intellectuel à l’allure chétive nous amuse en effet depuis plus de 50 ans, par le regard cynique qu’il porte sur la nature humaine. Entre doute existentiel et angoisse métaphysique, bienvenue dans le monde tragi-comique d’un rouquin hors-norme !

Woody Allen, alias « Red »

Réalisateur, acteur, dialoguiste et clarinettiste de talent, Woody Allen a su dès le plus jeune âge transformer les épreuves de la vie en pièces de comédie. Dans Le Petit Woody (Plon, 1995), il raconte avec humour ses déboires d’enfant, roux et déjà différent: « Un jour, j’allais à mon cours de violon, quand j’étais gosse. Je passe devant  la salle de billard et Floyd et tous ses amis sont là dehors, vous savez. (…) J’ai continué mon chemin et il m’a crié après: « Hé! Poil de carotte! »
J’étais un gamin un peu suffisant. J’ai posé mon violon. Je vais vers lui. Je dis: « Je ne m’appelle pas Poil de carotte. Si tu veux t’adresser à moi, appelle-moi par mon nom normal. Je m’appelle Maître Heywood Allen ».
J’ai passé cet hiver-là dans un fauteuil roulant. L’équipe de médecins eut un mal fou à m’extraire le violon. Heureusement que ce n’était pas un violoncelle ». 

Génie précoce et décalé, Woody Allen s’est ainsi très tôt interrogé sur l’existence, à la fois éberlué et incrédule face au comportement des adultes. A commencer par celui de ses parents…

Et Woody Allen d’ajouter: « Quand j’ai été kidnappé, mes parents ont agi tout de suite… ils ont loué ma chambre. »

« L’Homme a été fait à l’image de Dieu. Mais pensez-vous vraiment que Dieu soit roux et porte des lunettes ? »

Névrosé et déprimé, Woody Allen n’a pour autant pas fait de sa couleur de cheveux un cheval de bataille. On retrouvera néanmoins plusieurs personnages roux dans son abondante filmographie.

En 1977, dans Annie Hall,  le roi de l’humour nous livre une confession décapante sur sa vie privée. Il y incarne Alvy Singer, un humoriste new-yorkais à la carrière éclatante mais bourré de questionnements existentiels. Aux côtés d’Annie Hall (Diane Keaton), il replonge dans ses souvenirs d’enfance…

Dans un élan d’amour façon Woody, Alvy lui exprimera son amour en ces termes: “L’amour est un mot trop faible pour décrire ce que je ressens pour toi. Je te âme, je te hume, je totem, je t’intime!

Dans Radio Days (1987), il puisera dans ses souvenirs d’enfance et prêtera sa voix à Joe, jeune garçon évoluant durant l’âge d’or des radios, dans l’Amérique des années 1930-1940.

« Mon rêve: devenir le collant d’Ursula Andress »

Lorsqu’ils parlent des femmes, Woody Allen affirme: « Mon gros problème, c’est que je suis aveuglé par elles. Je ne parviens jamais à leur en vouloir. Je ne vois même pas leurs erreurs, jusqu’à ce qu’il soit trop tard… »

Séducteur maladroit pour certains, misogyne pour d’autres, il n’aura de cesse de se questionner sur la gent féminine, entre malice assumée et perplexité résignée: « La première fois que j’ai vu une dame nue, j’ai cru qu’il s’agissait d’une erreur. »

Il a pourtant fait tourner les plus belles actrices. La dernière en date, la rousse et talentueuse Emma Stone,  qui campe les personnages de Sophie Baker dans Magic in the moonlight et de Jill Pollard dans L’homme irrationnel.

« L’éternité c’est long, surtout vers la fin »

Les répliques de Woody Allen, piquantes, cyniques et drôles à la fois, montrent à quel point l’humour peut sauver les plus désespérés. Avec son talent de dialoguiste, il exprime au fond les angoisses de bon nombre d’entre nous: regrets enfouis, espoirs à jamais déçus et peur irrésolue face à un avenir incertain. Sa désinvolture, sur fond d’amertume, nous ramène inlassablement à ce qui nous questionne tous: quelle justification apporter à notre existence dans des moments où son absurdité-même peut nous submerger.

Son humour jubilatoire qui frôle parfois l’ubuesque grinçant, constitue une véritable thérapie pour ceux qui veulent bien l’entendre.  A propos de la mort, il affirmera ainsi: « Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à mon œuvre. Je veux atteindre l’immortalité en ne mourant pas ». Simple comme Woody… Si la vie et l’amour ne sont qu’aberrations, rendons leur la pareille et sourions !

Laisser un commentaire

7 − cinq =