Je m’appelle Camille, j’ai 19 ans et je suis rousse. J’ai beaucoup souffert de ma couleur de cheveux au collègue ainsi qu’au lycée. J’ai eu droit à des insultes très violentes de toute la classe qui se mettait sur mon dos et se moquait de moi. Des remarques du type : » Une rousse c’est moche et ça pue » ou « Moi si j’étais rousse j’aurais envie de me pendre ».
Certains s’acharnaient : un en particulier qui avait une dent contre moi. Il me volait ma trousse , faisait tomber mon sac du haut de deux étages et je devais aller le rechercher en bas, me plaquait contre le mur en me disant que les roux ça méritaient de se faire brûler. Les professeurs n’ont jamais rien remarqué. Pour eux j’étais timide et effacée et mes petits camarades ne faisaient que m’embêter. J’avais deux amies qui m’ont petit à petit abandonnées. J’avais peur d’aller en cours. Je ne voulais pas y aller. Je faisais semblant d’être malade pour ne pas à avoir y aller. Ma mère se doutait de quelque chose mais j’ai attendu un an avant de lui en parler.
Je me sentais complètement seule et je n’avais qu’une hâte : que ça s’arrête. Tous les jours je m’enfermais dans ma chambre pour pleurer et dès que quelqu’un rentrait je faisais semblant que tout allait parfaitement bien. Puis je suis entrée au lycée et ça a été beaucoup plus facile pour moi. Bien sur il y avait toujours de la moquerie mais ce n’était pas comparable avec le collège.
Aujourd’hui j’ai rarement des remarques sur mon physique ( et quand j’en ai je me crispe tout naturellement : je me sens toujours faible et démunie je n’arrive pas à me défendre car c’est un point sur lequel je suis hypersensible). J’ai beaucoup de mal dans la rue à passer devant un groupe de garçons (je sens l’angoisse qui monte) et j’ai toujours l’impression qu’on se moque de moi quand des personnes rigolent pas loin de moi. Cependant je vais mieux je commence petit à petit à apprécier mes cheveux, chose qui m’était impossible il y a 4-5 ans.
J’ai un petit copain également roux. Quand nous sommes ensemble les gens nous dévisagent. C’est si étrange que ça deux roux ensemble ? J’ai réussi à me faire deux amies mais j’ai encore beaucoup de mal à aller vers les autres. Je pense qu’on devrait plus parler de ce phénomène racisme anti roux qui est pris trop à la légère par la majorité des gens. Ca restera gravé en moi et je le sais. Je témoigne pour tous ceux qui sont dans le même cas que moi : vous n’êtes pas seuls et en général cela s’améliore en grandissant. Même si je remarque fréquemment que les garçons roux sont beaucoup plus stigmatisés que les rousses pour une raison qui m’échappe.