Et Sonia Rykiel alors, vraie ou fausse rousse ? Cette question maintes fois posée m’a toujours étonnée. Comment pourrait-on en douter ? Sonia Rykiel est l’incarnation même de la rousseur : à part, provocatrice, séductrice, libre, et cette chevelure flamboyante… sa marque de fabrique.
Celle que l’on surnommait la « Reine du Tricot » est décédée jeudi de la maladie de Parkinson à l’âge de 86 ans en laissant derrière elle 60 ans de mode. Une mode qui prônait la libération de la femme à travers des coupes androgynes, sans soutien-gorge, ni coutures apparentes, des silhouettes « déglinguées » mais toujours élégantes, une mode qui surtout, se moquait des tendances et libérait les corps des diktats de créateurs.
L’iconique créatrice pour qui « la beauté sera toujours rayée » ne portait que du noir à cause de ses cheveux roux. Mais comment a-t-elle justement vécu sa couleur de cheveux ?
La dame en noir portait cette chevelure rousse, orange même, qui ressortait sur ses habits sombres et sa peau pâle, une tare pour sa mère, avait révélé la créatrice lors d’une interview au magazine ELLE en 2012.
Comme pour toute rousse arrive un moment où il faut faire un choix face à cette différence par laquelle nous sommes, et seront toujours, avant tout définies : tenter de disparaître aux yeux du monde ou, au contraire, imposer sa personnalité et s’affirmer, quitte à l’indisposer.
« J’étais une fille et j’étais rousse, une double déception. Mais elle a eu l’art et la manière de me construire comme je suis. Elle m’a poussée dans une espèce de cercle qui n’était pas vicieux dans lequel il fallait que je fasse oublier ce que j’étais physiquement.Pour compenser, elle voulait le meilleur pour moi. Petite fille, je devais être la plus mince, la plus drôle, la plus intelligente. J’apprenais des fables de La Fontaine par cœur, le songe d’Athalie dans son intégralité. Elle était navrée que je sois si rousse. Il faut dire que j’avais les cheveux orange, c’était énorme. »
Le dégoût de sa mère n’aura pourtant pas eu raison de son estime de soi puisque lorsque le magazine ELLE lui demande comment elle se trouvait, elle répond :
« Superbe ! En même temps, intimement, je savais que la beauté était du côté de mes sœurs, ravissantes, d’un blond vénitien. Pour me venger, je leur coupais les cheveux, au-dessus du bidet dans la salle de bains. »
Andy Warhol, à qui elle avait inspiré un portrait en 1986 déclarait que si la créatrice était si souvent vêtue de noir, c’était justement à cause de sa couleur de cheveux car « elle avait déjà trop de couleur sur elle pour en rajouter ».
« J’ai toujours été rousse, très rousse. (…) Souvent on me demande : « Pourquoi vous habillez-vous toujours en noir ? » Je réponds : « Parce que j’aime les couleurs », mais que, moi, avec mes cheveux, j’ai déjà tellement de couleurs que je ne peux pas en plus me mettre une vraie couleur. »