Pourquoi dit-on que les rousses sont des sorcières ?

Sorcières, sans âme, démones, diablesses… À quoi bon se déguiser pour Halloween, à eux seuls nos cheveux font déjà le job ! Mais savez-vous réellement d’où vient ce mythe et ce qui arrivait au Moyen Âge si par malheur vous étiez associée à la sorcellerie ?

Parmi tous les préjugés qui courent sur les rousses et les roux, je dois dire que celui-ci ne m’a jamais vraiment dérangée. Au contraire, je trouve ça plutôt cool d’être assimilée à une créature que l’on redoute parce qu’elle posséderait des pouvoirs magiques ! Si des gens assez bêtes pour croire à de telles sornettes vous embêtent, jouez-en et dites-leurs que vous allez leur jeter un sort. Ils disparaîtront comme par magie de votre périmètre. Bon, évidemment, je trouve ça cool d’être considérée comme une sorcière parce que nous sommes en 2017 et que le risque de me retrouver pieds et poings liés sur un bûcher est plutôt faible, alors qu’au Moyen Âge… je n’aurais pas fait long feu ! (Ok j’arrête les blagues pourries. En plus on ne plaisante pas avec ça. Il y a des limites à l’humour. Ou pas ? Je me tais).

Concrètement, c’est quoi la définition d’une sorcière ?

SORCIER, -IÈRE, subst. et adj.
Personne à laquelle on attribue des pouvoirs surnaturels et en particulier la faculté d’opérer des maléfices avec l’aide du diable ou de forces malfaisantes.

La religion à l’origine du mythe

Dieu/diable, forces bienfaisantes/malfaisantes, enfer/paradis… Si vous cherchez un responsable, regardez du côté de l’église ! Tous ces termes et ces dualités ont été créés par, et pour servir le besoin des religions d’édicter les limites entre le « Bien » et le « Mal ». La chasse aux sorcières, un moyen comme un autre finalement d’ancrer la suprématie de l’Église à l’époque.

Mais saviez-vous que jusqu’à la fin du 16e siècle, les sorciers et sorcières étaient considérés comme des devins et des guérisseurs ? Ils étaient même indispensables dans les villages où les habitants étaient superstitieux et où on ne connaissait rien du corps humain ni de la nature. C’est pourquoi les maladies, la famine, les tempêtes, la mort étaient vus comme des phénomènes surnaturels qu’il fallait combattre par des moyens tout aussi surnaturels. Ainsi ceux qui avaient le pouvoir d’entrer en contact avec ces forces étaient utiles pour protéger les villageois. La plus mauvaise période pour les sorciers fut de la deuxième moitié du 16e à la fin du 17e siècle, Ère de la chasse aux sorcières.

Les superstitions sous l’Inquisition

Au Moyen Âge, le roux est fourbe et la rousse quant à elle, ne peut être qu’une sorcière ou une traînée. Pas étonnant donc de constater que Judas le traître et Marie-Madeleine la prostituée sont représentés avec des cheveux roux dans l’idéologie chrétienne. Cheveux roux = flammes = enfer = diable = sorcellerie. Ce raisonnement plus que simpliste a fait brûler vives plus de 20 000 rousses sous l’Inquisition !

Créé par l’Église catholique romaine vers 1199 par le pape Innocent III, l’Inquisition était une sorte de tribunal chargé d’émettre un jugement sur le caractère ecclésiastique des cas qui lui étaient soumis. Or la lutte contre les hérésies s’est rapidement révélée très subjective, voire complètement farfelue.

À quoi reconnaissait-on une sorcière ?

Les sorciers et sorcières étaient-ils d’une laideur particulières comme ils le sont aujourd’hui dans l’imaginaire collectif (longs cheveux gris, grosses verrues, édentée…) ? Pas vraiment. Pied bot, strabisme, tache sur le visage, yeux vairons, sixième doigt… Un détail physique différent suffisait amplement à condamner une personne. On pensait surtout que tout ce qui avait un rapport avec le Diable devait avoir quelque chose d’« anormal » visible comme de petites imperfection. Les chevelures rousses et les taches de rousseur rentraient donc très facilement dans ce genre de critères.

Comment se déroulait un procès ?

La mise en accusation d’une personne pour crime de sortilèges, de maléfices ou actes de sorcellerie se faisait sur dénonciation. Une voisine jalouse d’une autre craignant qu’elle lui pique son mari, un ancien ami rancunier, cela n’allait pas souvent chercher bien plus loin que ça.

Lors du procès, les sorcières accusées devaient passer par plusieurs épreuves, dont celle de l’eau ou celle effectuée par le « Piqueur ». Le pacte avec le diable laissait soi-disant une marque particulière sur la peau de la sorcière que les juges étaient chargés de trouver. Pour ce faire, la sorcière était entièrement dénudée, et ses vêtements étaient brûlés. Cette marque était insensible à la douleur et ne devait pas saigner. Ainsi, le Piqueur bandait les yeux de la 18369sorcière puis la piquait avec des aiguilles sur tout le corps. Dès qu’il trouvait un endroit insensible, il la faisait avouer ses crimes par la torture. Ainsi, celles qui portaient des taches de rousseur étaient accusées de forniquer avec le diable, chaque tache représentant un acte sexuel. Une chose est sûre, l’Inquisition ne manquait pas d’imagination !

L’épreuve de l’eau quant à elle, consistait à mettre une sorcière pieds et mains liés dans une grande quantité d’eau ; si elle coulait, ce n’était pas une sorcière, si elle flottait, elle en était une car les sorcières savaient défier toutes les lois, y compris celle de la nature. Après avoir avoué, on l’exécutait en la brûlant publiquement.

Conclusion

Vers le milieu du XVe siècle, les dénonciations sans preuves allaient bon train et ce sont des milliers de sorcières qui pendant deux siècles sont traquées, dénoncées, interrogées, torturées avant d’être livrées aux flammes. Il faudra attendre la toute fin du 17e siècle pour que la raison mette fin à ces massacres de masse. Bien qu’aujourd’hui révolues, ces pratiques païennes et superstitieuses auront néanmoins réussi à façonner durablement les mentalités européennes. En témoigne le nombre de sorcières rousses incarnées sur le petit et grand écran !

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