Le tour du monde des roux : zoom sur l’Amérique

Les roux seraient-ils partout Outre-Atlantique ? Un rapide check sur Facebook et la ginger team américaine arrive en force! « Rassemblement de roux », « Les roux du Canada et du Québec », « Kiss a Ginger Day », « American Redheads », pour ne citer qu’eux,  prouvent à quel point appartenir à une minorité ne signifie pas forcément oublier d’exister. Bienvenue en Amérique, le continent où les roux savent faire entendre leur voix !

 « Rassemblement de roux » : le RedHead Days, version canadienne

Si la population rousse américaine reste marginale comme ailleurs sur la planète, celle-ci aura connu un véritable essor au cours des XVIIIe et XIXe siècles.  Pour des raisons sociales, religieuses ou économiques, nombreux furent en effet les Irlandais, Gallois, Écossais, Cornouaillais ou Bretons qui décidèrent de quitter l’Europe en direction du Nouveau Monde.

Des roux célèbres, l’Amérique en compte un bon nombre! Les amateurs de football songeront au brésilien Elierce Barbosa de Souza, les cinéphiles à Woody Allen ou Jessica Chastain. Certains auront peut-être à l’esprit le malheureux Michael Kittrell tandis que d’autres grinceront des dents en pensant à un certain président à la mèche rebelle… Dispersés aux quatre coins du continent, les roux semblent cependant davantage représentés au nord, foyer de prédilection des flux migratoires.

En 2005, soit trois siècles plus tard, Comedy Central diffuse le 136e épisode de South Park intitulé « Ginger Kids ». On y voit un Cartman afficher sa haine envers les roux, déclarant avec vigueur que ceux-ci sont dénués d’âme. Mal inspiré, un jeune Canadien de quatorze ans lance alors un groupe Facebook appelant à faire du 20 novembre la « Journée nationale des coups de pieds aux roux » (National Kick a Ginger Day). La page dépassera rapidement les 5 000 membres et sera à l’origine de nombreuses agressions d’adolescents roux.

En réponse à cette intolérance passéiste, le canadien Derek Forgie créera la désormais célèbre « Journée pour embrasser un roux » (Kiss a Ginger Day) célébrée chaque 12 janvier. Le Canada, nouvel eldorado des roux ? C’est en tout cas dans cet esprit de bienveillance et de bonne humeur que la Montréalaise Céline Dompierre a co-organisé Rassemblement de roux en 2013. Pas moins de 1 000 personnes se seront retrouvées lors de cette première édition. Si la présidence du mouvement a changé, l’esprit reste le même encore aujourd’hui: favoriser la rencontre entre les (vrais !) roux comme cela peut se faire aux Pays-Bas et valoriser ceux qui sont encore trop souvent victimes de sobriquets.

MC1R : l’exposition qui célèbre les afro-caribéens roux

En 2015, Michelle Marshall, photographe lyonnaise, désormais installée à Londres, a souhaité déconstruire l’image traditionnelle des roux en partant à la rencontre d’Afro-Caribéens. « Mon exposition consiste à renseigner les gens sur l’incidence de la variation du gène MC1R responsable de la rousseur et des tâches de rousseur. En particulier chez les personnes noires, et les personnes métissées de toute appartenance ethnique et de tout âge ». Son objectif? Démontrer que la rousseur n’est pas l’apanage des populations celtiquo-germaniques et de manière plus générale, malmener des clichés véhiculés depuis la nuit des temps. Un projet porteur de vrais questionnements moraux et identitaires que je vous invite à découvrir sur son site.

Les actrices rousses : tapis rouge à Hollywood !

Après des siècles où les roux et les rousses furent considérés comme des suppôts de Satan, il est surprenant de voir à quel point ceux-ci sont surreprésentés dans le cinéma hollywoodien. Du côté des hommes: Damian Lewis, Rupert Grint ou encore Michael C. Hall par exemple. Du côté des femmes, Julian Moore, Jessica Chastain, Marcia Cross et bien d’autres encore. La singularité semble aujourd’hui être devenue ultra-tendance…

Rita Hayworth fut l’une des premières icônes rousses du cinéma américain. Mais ce succès ne fut pas sans sacrifices. Après des débuts incertains, elle suivit en effet les conseils de son impresario et décida de troquer son brun naturel pour un roux flamboyant. Le succès fut fulgurant. Sa crinière de lionne suscita de nombreux débordements passionnés chez les hommes qui lui prêtèrent une sexualité explosive jusqu’à la fin de ses jours. Le roux séduit, le roux intrigue et ça, le 7e art l’a bien compris.

Qui ne se souvient pas du personnage de Jessica Rabbit, superbe et sensuelle créature imaginée par Robert Zemeckis ? Ou encore de la pin-up rousse dans Red Hot Riding Hood de Tex Avery ? Multiplicateur de féminité et de fantasmes, la rousseur, lorsqu’elle est instrumentalisée avec talent, déploie subtilement sa part de mystère et de magnétisme qui font son essence même.

La photographe Geneviève Boutry, co-auteur de Roux (Éditions Lieux Dits – 2014) déclare « Parce qu’elles ont souvent connu des moments difficiles dans leur enfance, les femmes rousses ont appris à renforcer leurs capacités, leur particularité. C’est pourquoi il y a ce quelque chose de troublant, d’ambivalent, de paradoxal, qui reste, toujours. Quelque chose entre le noir et le blanc. Le brun et le blond (…) Elles ont souvent une psychologie plus guerrière. » 

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