Avoir un bébé roux : entre peur et protection

La naissance d’un bébé roux, surtout quand les parents ne le sont pas, amène parfois son lot de questions. Tandis que certains se demandent si cette couleur de cheveux changera avec les années, d’autres s’interrogent déjà sur le futur bien-être de leur enfant. Le point sur la question.

Ça y est, après neuf mois d’attente, de préparatifs et de questionnements en tout genre, votre bébé est enfin là ! Empli de bonheur, vous ne cessez d’admirer votre progéniture avec le regard béat du tout jeune parent. Mais penché au-dessus de son berceau, un léger détail vous intrigue… Plusieurs jours ont passé depuis sa naissance et il semblerait que votre chérubin ne tienne définitivement ni de sa grand-mère brune, ni de sa maman aux cheveux châtains… L’évidence est là, désormais indéniable : votre bébé est roux.

Inattendu pour certains, logique pour d’autres, chaque parent a sa façon bien à lui d’appréhender cette situation.

Comment expliquer que certains se sentent totalement désemparés face à un enfant qu’ils imaginaient autrement ? Et quelle posture devront-ils adopter afin de protéger celui qui sera peut-être un jour ramené à sa différence ?

Avoir un bébé roux à l’heure d’Internet

Préalablement à la rédaction de cet article, j’ai pensé qu’une petite googlisation s’imposait. Une fois les mots-clés « préjugés roux » validés, j’ai alors parcouru des pages et des pages de résultats avec la sensation grandissante de m’enfoncer dans une certaine forme d’obscurantisme.

De l’agacement ténu (eh oui, finit-on par s’habituer ?), je suis progressivement passée à la consternation. « Les roux puent », « Les rousses sont des sorcières » et Judas, roux lui aussi, qui vient confirmer l’ensemble… De tout cela, j’avais déjà évidemment entendu parler, victime moi-même des railleries incessantes de mes camarades de classe.

Donc jusqu’ici, point de surprise. Mais là où ma stupéfaction a atteint des sommets, c’est lorsque j’ai constaté à quel point internet était devenu un vecteur et un amplificateur de la stigmatisation dont les roux sont victimes.

Vous avez peut-être entendu parler de ce père de famille prêt à vendre son bébé roux sur Le Bon Coin pour une poignée d’euros. Probable canular, cette histoire laisse perplexe.

Les forums de futures mamans, eux aussi, regorgent également de témoignages édifiants. Une dernière errance sur Facebook témoignera de l’ampleur du phénomène.

Des groupes voient épisodiquement le jour pour encourager encore un peu plus ce jugement négatif à notre encontre : la Journée nationale des coups de pied aux roux, Si les Roux n’étaient pas là, on rigolerait moins !, ou encore Pourquoi faire des expériences sur les rats quand on a des roux.

Certes, ces pages ont été pour certaines interdites,  mais qu’en est-il de toutes ces moqueries plus insidieuses et disparates que l’on peut lire sur la toile ?

Quelques clics et les exemples fleurissent : « Un roux ne te vole pas. Il te carotte. » ou encore « Y aura toujours quelqu’un pour mettre les bâtons dans les roux. »

L’on constate également la multiplication des vidéos de mauvais goût comme Les roux, c’est pas des poils de carotte, postée en 2012 et toujours présente sur YouTube quatre ans plus tard…

Je pensais naïvement que cette ère était révolue. Il semblerait au contraire que les réseaux sociaux constituent un véritable tremplin à cette stigmatisation.

On assiste en effet à une banalisation des propos anti-roux. Valérie André, auteur de Réflexions sur la question rousse (2007 – Éditions Tallandier) résume parfaitement le phénomène :

« Il s’agit d’un préjugé ancestral si bien ancré dans la conscience collective que l’on ne se rend même plus compte de la nature même du préjugé qu’il constitue. Les blagues et les remarques émises à l’égard des roux ont déjà entendues de tous, lues dans des livres ou vues à la télévision ce qui entraîne une certaine habitude. »
(Atlantico – 14 octobre 2013)

Comment protéger son enfant roux ?

Première réaction à adopter : ne sous-estimez  pas la souffrance de votre enfant. A l’âge où entrer dans la norme relève de l’instinct de survie, être sans cesse renvoyé à sa différence peut vite avoir de graves conséquences. Ne considérer un individu que par sa seule couleur de cheveux risquerait à la longue, de freiner son processus de construction personnelle. Vous devrez donc instaurer un climat de confiance avec votre enfant afin qu’il puisse exprimer ce qu’il ressent.

Assurez-vous que les enseignants font preuve de vigilance et réagissent aux moqueries, voire au harcèlement, dont votre enfant peut être la victime. Le personnel éducatif se doit d’apprendre aux enfants à vivre ensemble, en acceptant les différences de chacun. Il sera également primordial de leur faire comprendre que ces moqueries peuvent être une réelle source de mal-être.

Ravivez la confiance qui sommeille en lui. Il s’agit là d’une tâche de longue haleine surtout lorsque votre enfant entre dans l’adolescence. Mais prendre conscience de la richesse de sa personnalité sera un atout essentiel pour bien grandir.

Et surtout, n’oubliez pas de lui dire que sa couleur de cheveux est magnifique et qu’être différent l’aidera avec le temps à se forger une personnalité dont il sera fier ! C’est là probablement l’une des principales clés pour aider son enfant à bien vivre les choses. Plusieurs psychologues s’accordent en effet à dire que l’attitude positive du parent est un facteur essentiel.

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