Témoignage de Sarah

Quand j’étais petite, tout le monde me disait qu’être rousse avec de beaux yeux verts était, la combinaison gagnante, celle qui ferait chavirer bien des coeurs quand je serai plus grande. Je me souviens encore du père de ma meilleure amie qui m’appelait « Boucles d’or » à l’époque, même si « Boucles de cuivre » aurait été plus adapté à mon avis.

Le temps de la maternelle et de la primaire mes cheveux n’ont jamais posé de problèmes et je ne pensais pas être différente des autres, je ne pensais surtout pas qu’on pourrais se moquer de moi à cause de mes cheveux… Mais j’ai très vite découvert les joies d’être rousse en entrant au collège… On s’est moqué de moi, on a joué avec mes sentiments de petite collégienne pour ensuite me faire souffrir. Le collège était vraiment une époque très difficile pour moi. Mais je sais aujourd’hui aussi, que les personnes de mon entourage et surtout ma mère en a souffert. Car même si je n’ai jamais parlé de mes problèmes à ma mère car j’avais trop honte, un de mes amis d’enfance en à parler à la sienne qui l’a bien-sur répété à la mienne. Tout ça pour dire que ce petit garçon alors âgé de 12 ans a posé une question importante, à laquelle je n’ai pas de réponse : « Pourquoi ses moquent-ils d’elle maman? ». Aujourd’hui encore je voudrais le savoir.

Même si je cherche souvent à oublier cette époque et minimiser le fait qu’on s’est moqué de moi, même après ce que j’ai vécu, ça me paraît tellement improbable qu’on discrimine quelqu’un à cause de sa couleur de cheveux. Au bout de quelques mois je ne supportais plus ces moqueries et j’ai fait le choix de me défriser et teindre les cheveux. J’ai essayé de faire taire les insultes en me changeant moi. À l’époque ça me paraissait comme la solution la plus simple. Mais les moqueries ne ses sont pas arrêtés pour autant, j’ai juste eu en plus à vivre avec le regard de mes proches qui ne comprenaient pas pourquoi je cite « j’avais fais ça à mes beaux cheveux, que tout le monde m’envie ».

Durant toute cette période j’ai eu à lutter contre les préjugés, mais je pense que ça m’a rendu plus forte. Je pense que c’est bien le seul cliché sur les roux qui est vrai, nous sommes plus forts, plus tenaces.

Aujourd’hui j’ai toujours du mal à accepter mes cheveux même si je les trouve magnifiques sur d’autres filles. J’ai continué longtemps après le collège à colorer mes cheveux. J’avais honte mais surtout ils avaient réussi au bout de quatre années de collège, à me faire croire que mes cheveux n’étaient pas jolis. J’ai encore du mal à recevoir des compliments, mais j’ai compris que les cheveux roux s’accompagnent aussi de quelques points positifs.

Même maintenant alors que je raconte ce qui m’est arrivé, je ne souhaite pas rentrer dans les détails. Je ne veux avoir de compassion de personne. Je voudrais juste que les gens réalisent que la discrimination envers les roux existe toujours encore. Et que si ils ont été moqués dans leur enfance, ils en portent très certainement des séquelles encore aujourd’hui.

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