Témoignage anonyme

J’ai décidé de faire ce témoignage anonymement car je n’ai encore jamais dévoilé tout cela à une personne et c’est ainsi une façon d’en parler. Je n’ai pas envie que l’on me reconnaisse tout simplement car je ne veux pas raviver ces soucis aujourd’hui. Donc voilà, je suis un garçon roux. Mais pas vraiment un roux passe-partout, non, un roux bien coloré. En maternelle, tout se passait relativement bien, jusqu’au moment où nous commençons à nous rendre compte des choses. Déjà en petite section, des amis me demandaient pourquoi j’avais les cheveux oranges, et, comme un garçon bien préparé par sa maman qui avait déjà pensé à ce problème, je leur répondais « C’est pas orange ! C’est roux ! ». Forcément.

En primaire, tout s’est très bien passé. J’étais dans une petite école de campagne, où nous étions tous très unis. Donc là je n’ai eu aucun soucis.
Là où les choses ont empiré, c’était au collège. J’ai déménagé et me suis retrouvé dans une grande ville : le choc. Les pires années de ma vie, et je peux vous dire que pour mes cheveux, je me suis battu, et pas qu’un peu. Je ne me rappelle plus de tous les éléments chronologiquement tellement il y en avait.

Concernant mes professeurs, il y avait deux clans : ceux qui étaient ligués contre moi et ceux qui étaient avec moi, pas facile… Parmi ceux qui me voulaient du mal, il y avait le prof qui me rabaissait en cours et contre lequel je m’étais totalement rebellé : je ne faisait plus ses travaux, ou je les faisais en sorte de l’embêter. Ça allait même jusqu’au clash en cours. Il me punissait pour un rien. Je me rappelle lui avoir dit « Bonjour » un jour, et il m’avait collé une punition. Très intelligent ! J’ai aussi eu des problèmes avec le directeur, sujet encore très sensible. En plus de cela, il y avait les professeurs qui me soutenaient en pensant que les bonnes notes suffiraient. Sur mon bulletin on peut parfaitement remarquer les deux : entre 17-18-19 voir même 20 de moyenne contre 10-11, ainsi que les appréciations.

Ensuite c’était dans la cour de récréation bien sur. Je me rappelle m’être battu verbalement avec le caïd du collège qui menaçait de venir me « buter » avec toute sa « clique » à la sortie. Et moi, qui en voulais pour ma fierté, je répondais des choses assez douloureuses pour lui, car, quand on se fait agresser souvent, on développe une répartie assez bien forgée. Sauf que ça repartait de plus belle, mais il savait que s’il me touchait dans l’établissement il se ferait renvoyer (du moins, il ne savait pas que j’avais des soucis avec le directeur donc il le pensait). À la fin, il menaçait de me cracher dessus et de me frapper, mais je ne baissais certainement pas les yeux et je renchérissais. Au final, je l’attends toujours.

Sans parler des violences physiques… quand on me frappait, qu’on me tirait les cheveux, la tête collée au sol … J’en suis même venu à utiliser des lotions pour foncer mes cheveux et j’ai développé une sorte d’anorexie dans laquelle je retombe encore régulièrement par moments. Ce sont des passages où je ne veux plus manger du tout, ce qui a ralenti ma croissance donc je suis plus petit que la moyenne.

Et puis ces adultes, aussi bêtes les uns que les autres : « Mais tu as des cheveux magnifiques ! Je ne comprends pas les autres ! » C’est ça, tu ne le penses pas sinon tu ferais quelque chose.

Puis, libération ; le lycée. Ça s’est mieux passé. Même si je me faisait insulter dans la rue, par des voitures qui ouvraient leur carreaux pour crier « Eh le rouquin ! », « Sale roux ! », « Poil de carotte », ou encore ceux qui m’ont suivi dans la rue. Au lycée, je n’ai eu que quelques insultes du genre « Sale roux » dans les couloirs, mais j’ai changé, je me contentais de sourire et de répondre « Merci ! ». C’est une réponse « magique », car soit le gars est déstabilisé et ne dit plus rien, soit il rage complètement. Avec le temps j’ai même développé une phobie sociale, de peur que les gens ne soient pas sincères.

Et puis une chose m’a aidé (clairement) à aimer ma couleur de cheveux : RED HOT 100. Alors là, quand j’ai découvert cette expo, c’était clairement un gros Whoua ! J’ai d’ailleurs envoyé quelques photos de moi au photographe. Même si je ne suis pas pris, j’ai eu l’occasion de lui toucher deux mots par rapport à son projet.

Voilà, alors si vous aussi subissez des violences scolaires à cause de vos cheveux, je ne peux dire qu’une chose, relevez la tête. Ne vous faites pas happer par ces gens qui aiment faire du mal. Sachez que vos cheveux sont magnifiques. C’est un peu comme si vous aviez été élu, et faites tout pour qu’ils vous mettent en valeur. Les gens ont tendance à vous regarder dans la rue, et puis nos cheveux sont devenus à la mode aussi ! Il faut voir la vie comme un combat. Si vous vous colorez les cheveux, que vous tombez dans l’anorexie, que vous vous mettez à fumer, vous mutilez ou quoi que ce soit d’autre contre vous dans le but de vous faire du mal, dites vous que vous baissez les bras. Il suffit de trouver les bonnes personnes. Prenez les choses en main, si vous avec un souci avec quelqu’un, il y a une occasion qui se présentera un jour pour vous venger. Cela peut être dans 1 semaine comme dans 1 an, mais tout vient à point à qui sait attendre. Tout se paie vous savez.

Et puis, au fond, je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal. C’est vrai quoi, c’est juste un manque d’intelligence de leur part ! Si à 50 ans la personne s’amuse encore à faire ce genre de choses, c’est qu’elle ne vaut rien. Tandis que vous, vous avez un atout de taille qui vous fait remarquer, eux sont obligés de faire ça pour se faire remarquer. C’est malheureux pour eux d’être aussi bas.

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